Harcèlement, Parlons-en avec nos Enfants !
Bousculades, prises de pouvoir, comportements d’agressivité hiérarchique… Et si c’était du harcèlement ? Le 7 novembre, c’est la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, dont le but est de sensibiliser la communauté éducative à la prévention et la lutte contre le harcèlement. C’est aussi pour les parents, 2 mois après la rentrée et alors que les groupes par affinité se sont formés, l’occasion d’en parler avec les enfants afin qu’ils bénéficient d’une scolarité épanouie.
Quand Luna est sortie de l’école en pleurs avec les cheveux en bataille, sa babysitter lui a demandé ce qu’il lui était arrivé. Entre deux sanglots, elle a dit s’être disputée avec une petite copine et que les autres rigolaient autour. Lily, la babysitter qui vient la chercher à l’école, en a parlé dès le soir à ses parents afin d’éclaircir l’incident car elle a elle-même été victime de harcèlement petite. Heureusement après discussion avec la maîtresse, il s’est avéré qu’il ne s’agissait pas de harcèlement.
Qu’est-ce qui définit le harcèlement ?
Il n’est pas toujours facile de repérer et caractériser ce comportement. Concrètement, quelle est la définition exacte du harcèlement entre élèves ? Le harcèlement est défini comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Trois dimensions permettent de distinguer le harcèlement : le rapport de force entre la victime et l’auteur ou les auteurs, la fréquence des violences, la nature des agressions.
Pourquoi des harceleurs... et des harcelés ?
Plusieurs éléments vont favoriser le harcèlement : un élève qui ne parvient pas à gérer sa propre fragilité psychique peut ainsi instaurer une domination agressive. La victime, démunie ne trouve pas d’issue à la situation. Les témoins ne réagissent pas parce qu’ils n’ont pas pris la mesure de la situation, ou parce qu’ils craignent de devenir cibles à leur tour.
Qui sont les harcelés ? Il n’y a pas de profil type d’enfant harcelé, ce sont des situations aléatoires. C’est essentiel de le dire à l’enfant, car il se pose vite des questions et peut penser qu’il y a certainement de bonnes raisons pour qu’il soit harcelé. Parfois les parents ont l’impression que leur enfant est très sensible, un peu différent et ont tendance à le surprotéger. L’enfant peut en déduire l’idée d’une justification à ce harcèlement.
Le harcèlement : un fléau qui touche davantage les 6-10 ans
Le 4ème baromètre annuel sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement de l’Association e-Enfance / 3018 mené auprès de binômes de parents-enfants de 6 à 18 ans scolarisés, révèle que ce fléau touche davantage les plus jeunes :
- 24 % des enfants de 6 à 18 ans concernés
- 27 % des élèves de primaire y ont été confrontés au moins une fois
- 80% des situations vécues en milieu scolaire (majoritairement pendant la récréation)
- 17% dans le cadre d’une activité extra-scolaire
Une souffrance jugée extrême par les enfants et une santé mentale lourdement impactée :
- 1/3 ressentent une souffrance sévère (sur une échelle de 0 à 10, 31 % évaluent leur souffrance à 9 ou 10)
- 58 % ont perdu confiance en eux et se sentent dévalorisés
- 57% rencontrent alors des difficultés dans leur scolarité
- 43% ont eu envie de se venger en faisant pareil
- 29% ont été jusqu’à penser au suicide
Déceler et en parler, oui mais comment ?
Ce qui doit alerter les parents et les personnes de son entourage comme nounou à domicile ou babysitter, c’est un changement notable dans le comportement et dans l’humeur de l’enfant. S’ils sont inquiets, il faut rapidement aborder la question lors d’un un moment favorable, où l’on est en tête-à-tête, comme lors des trajets de retour de l’école, les conduites aux activités du mercredi, etc. S’il se livre, l’important est de lui faire sentir que l’on prend au sérieux ce qu’il vit, et que l’on va agir pour le sortir de cette situation douloureuse.
10 signes auxquels il faut prêter attention :
- L’enfant présente des marques physiques (bleus, griffures inexpliquées, plaies, ...)
- Il a peur d’aller à l’école ou de participer à des activités scolaires.
- Il dort mal ou il fait des cauchemars
- Il est anxieux, nerveux ou se plaint de maux de tête, de maux de ventre ou autres.
- Il est absent à l’école ou appelle en demandant à rentrer à la maison.
- Il a peu d’amis, à l’école ou en dehors.
- Il perd ou abîme ses vêtements, ses appareils électroniques ou ses objets personnels, voire son argent.
- Il a des résultats scolaires en baisse.
- Il est inquiet/bouleversé après avoir passé du temps en ligne ou sur son téléphone.
- Il se cache concernant ses activités en ligne.
La meilleure arme contre le harcèlement, la prévention
S’il sait ce qu’est le harcèlement, l’enfant pourra le repérer plus facilement, qu’il en soit victime ou témoin : en parler ouvertement et fréquemment contribuera à le mettre à l’aise pour en parler s’il en est témoin ou victime. Faire le point régulièrement et l’interroger sur ses journées à l’école : on a trop souvent tendance à demander ce qu’il a fait en classe, mais pas ce qu’il ressent.
Un conseil qui peut paraître basique mais qui est à la base de la parentalité : donner l’exemple. Servir de modèle en agissant avec respect et bienveillance entre adultes, et notamment en réagissant lorsque d’autres ne sont pas écoutés, raillés ou maltraités, va avoir une incidence sur le comportement des enfants.
A son tour, l’enfant aura tendance à devenir un modèle positif. Même s’il n’est pas victime de harcèlement, cette attitude peut l’encourager à n’exclure personne, à se montrer respectueux et bienveillant envers ses camarades, et s’il est témoin de harcèlement, à défendre la victime, proposer son aide ou remettre en cause les comportements agressifs.
Cyberharcèlement, insidieux et odieux
Avec le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, le harcèlement a dépassé le cadre scolaire et affecte aussi les jeunes à travers le cyberharcèlement.
Saviez-vous que malgré l’interdiction de s’inscrire sur un réseau social avant 13 ans, 67% des élèves du primaire y sont avec, dans l’ordre, WhatsApp, Youtube, Snapchat. Le problème, c’est que 71% des parents avouent ne pas savoir précisément ce que leur enfant fait en ligne, même si 93% ont conscience des dangers. Quand on sait que 23% des enfants dont 20% en primaire ont été confrontés au moins une fois à du cyberharcèlement et 26% des filles, cela donne à réfléchir.
Numéro d’urgence : 3018. Ce numéro d’appel, gratuit et confidentiel, est accessible 7 jours sur 7 de 9 heures à 23 heures.